| La naissance de la nouvelle Allemagne débute avec la chute 
              du mur de Berlin le 9 novembre 1989 : événement symbolique 
              intense qui signait la libération d'un peuple par sa réunification
 Avant même que le mur ne succombe aux assauts 
              des pelleteuses, l'Europe essayait de se préparer à 
              cette explosion soudaine, à la course folle et désordonnée 
              de ce cheval que l'on avait bridé durant près de 40 
              ans. Il fallait aider ces êtres à recouvrer leur identité 
              en évitant les abus. Il fallait participer à faciliter 
              les échanges entre l'Est et l'Ouest sans pour autant favoriser 
              l'exploitation. Or, c'est justement ce à quoi l'Allemagne 
              a dû faire face rapidement après la chute du mur : 
              une frénésie de liberté dont certains ont profité 
              sans restriction. Ainsi, l'Allemagne s'est trouvée être 
              rapidement l'une des principales plaques tournantes de l'exploitation 
              sexuelle des femmes et des enfants en Europe. Des organisations 
              du marché du sexe, sans scrupules, n'ont pas hésité 
              à se développer en faisant miroiter l'El Dorado capitaliste 
              aux anciens communistes. Des femmes et des fillettes venant des 
              pays de l'Est ont ainsi transité par l'Allemagne ou y ont 
              posé "leur valise" pour alimenter le marché 
              de la prostitution et/ou le marché de la filmographie pornographique 
              européenne. Ainsi, les lois existantes, jugées trop 
              "réglementaristes", n'étaient plus adaptées 
              pour protéger les citoyens des changements brutaux ainsi 
              opérés et l'état a continué longtemps 
              à considérer la prostitution forcée comme un 
              "mal nécessaire" à toute société. En outre, la justice a eu beaucoup de difficulté 
              à choisir son camp entre trafiquants et victimes, favorisant, 
              dans bien des cas, l'acquittement des premiers au détriment 
              des seconds. Depuis deux ans, l'Allemagne essaie, toutefois, de 
              considérer les problèmes touchant les femmes et leur 
              exploitation sur son sol avec plus de sérieux. Ainsi, des 
              plans nationaux ont vu le jour afin de venir en aide aux victimes 
              et de limiter le développement du tourisme sexuel en dedans 
              comme en dehors de ses frontières. De vastes campagnes médiatiques 
              ont été élaborées et diffusées 
              afin de sensibiliser l'opinion publique à ce trafic d'êtres 
              humains. Mais bien du chemin reste à faire pour que 
              les femmes puissent faire valoir la totalité de leurs droits 
              dans la société allemande. En effet, si l'exploitation 
              sexuelle s'est intensifiée au lendemain de la chute du mur, 
              la violence, sous toutes ses formes, dirigée contre les femmes 
              avait cours depuis bien plus de temps. Un "mal nécessaire" 
              lui aussi ? Bien qu'une campagne de sensibilisation à ce 
              problème ait été lancée sur une durée 
              de trois ans, il est à regretter que le gouvernement reste 
              silencieux sur les statistiques qui révèlent l'ampleur 
              du phénomène, freinant, ainsi, l'action d'autres organisations 
              qui voudraient s'impliquer individuellement dans une action similaire 
              et dont les chiffres constitueraient une aide précieuse. 
              Certains jugent même les actions entreprises comme encore 
              trop insuffisantes et simplistes tant l'écho qu'elles reçoivent 
              auprès du public, et en particulier auprès des hommes, 
              reste faible, ces derniers ne se sentant pas concernés par 
              les informations diffusées à ce sujet ! Il est certain que le gouvernement accentue ses efforts 
              pour donner à la femme allemande une place plus importante 
              et plus respectée dans la société. Des abris 
              pour femmes battues se développent et atteignent un chiffre 
              acceptable. Mais il faudrait, par ailleurs, qu'il pense à 
              réviser quelques lois encore discriminatoires à leur 
              égard, notamment, celle qui donne le droit à l'état 
              d'infliger une sanction, voire même une contrainte pénale, 
              à la femme pour l'obliger à mener sa grossesse à 
              terme. Il serait préférable que les mesures de réajustement 
              des salaires soient équitables entre hommes et femmes, ce 
              qui n'a pas été le cas en 1998. Il faudrait également que le gouvernement 
              travaille davantage en étroite collaboration avec les ONG 
              et autres associations impliquées dans les Droits de l'Homme 
              et dans l'évolution des droits des femmes en particulier
 
              afin qu'un autre mur ne se dresse pas entre la femme allemande, 
              ou étrangère vivant sur le sol allemand, et la société 
              qui l'entoure, encore à tendance patriarcale !
 Thierry Robin - juillet 2000
 
 Sources : ONU 1997-98-99, 
              US dept, Amnesty
 
 
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