Je reprends volontairement un titre que j'avais donné à un article écrit au lendemain de “la victoire” des alliés sur les talibans en Afghanistan. En effet, ce texte dénonçait la supercherie que constituait cette guerre sous le prétexte de “sauver les femmes afghanes”. C'était en 2001. Aujourd'hui, elles souffrent toujours d'un manque cruel de droits et de sécurité. La libération des femmes afghanes n'était-elle rien d'autre qu'une bonne excuse cachant des desseins bien moins glorieux ?
En ce début d'année 2004, les femmes irakiennes se trouvent dans la même impasse et le même constat fait d'amertume et de désillusion. Alors que l'administration américaine a une fois de plus promis monts et merveilles au peuple irakien libéré de la tyrannie de Saddam Hussein, les femmes attendent toujours que l'on ose exprimer leur simple existence. Il n'en est rien. Ou presque. Quelques manifestations par-ici, quelques lettres adressées à M Bremer par-là ainsi que des déclarations publiques n'ont toujours pas eu gain de cause. Pourtant, ce n'est pas l'énergie qui fait défaut du côté des femmes qui veulent faire valoir leurs droits fondamentaux. Seulement, il n'y a pas grand monde pour les écouter, pour les entendre surtout, à part quelques acteurs internationaux attentifs à leur condition de vie et à leur avenir. Et cet avenir reste bien incertain dans l'état actuel des choses. En octobre 2003, lorsque j'étais à Bagdad, une des présidentes d'associations pour la promotion des droits de la femme en Irak avait expliqué : “c'est maintenant qu'il faut faire entendre les voix des femmes au sein du gouvernement provisoire. Les hommes au pouvoir nous demandent d'attendre qu'ils aient redressé le pays avant de s'occuper de nos droits. Non ! Il sera trop tard si nous patientons jusque là.”
Est-il déjà trop tard ? En décembre dernier, le conseil du gouvernement provisoire a aboli un certain code de protection des droits des femmes établi par Saddam Hussein. Est-ce que cela est une bonne chose ? Sans aucun doute diront certains. Mais dans le même temps, il a permis à chacun des groupes religieux d'appliquer ses propres codes et traditions. Qu'est-ce que cela signifie pour les femmes, autant celles qui veulent vivre dans la tradition que celles qui désirent ne pas s'y référer ? Cette liberté de choix existera-t-elle une fois le gouvernement définitif mis en place ?
Alors que beaucoup de femmes irakiennes ont soif de droits, d'épanouissement, d'échanges avec les hommes sur la scène politique et sociale, l'eau potable manque cruellement en Irak depuis que les canalisations ont cédé sous les pluies de bombes.